Le Monde le 16/06/08
Selon le texte du "jugement de départage" daté du 8 novembre 2007, il est reproché à M. Goubaux de ne pas avoir détecté un solde débiteur de près de 1 million d'euros sur un compte de particulier, géré par une collaboratrice puis, lorsqu'il en a eu connaissance, de ne pas avoir averti sa hiérarchie. L'ex-banquier conteste son licenciement et la faute grave, estimant que les procédures de contrôle n'existaient pas et que son management était fondé sur la confiance.
Les faits remontent à fin 2005. En examinant les inventaires de la banque, le 22 décembre 2005, M. Goubaux, patron de l'agence centrale d'Evry, chez Sofinco depuis seize ans, découvre un débit considérable et anormal sur un compte. Il appelle une collaboratrice, chargée de clientèle, elle aussi très ancienne dans la maison, pour obtenir des explications. Celle-ci lui avoue, en pleurs, avoir "forcé" le paiement de plusieurs chèques sur ce compte, en échange de la promesse de son client, de résorber son découvert. Ce chirurgien retraité aux confortables revenus s'est adonné aux jeux de hasard. Il a creusé, en quelques mois, un trou de... 928 000 euros.
M. Goubaux convoque le client pour le pousser à rembourser, "dans le souci d'agir au mieux des intérêts de Sofinco" dira-t-il ensuite, et obtient un premier versement de 100 000 euros, fin décembre 2005. Ce versement déclenche un contrôle des services antiblanchiment, le litige est mis au jour conduisant à une mise à pied à effet immédiat de M. Goubaux, le 5 janvier. Pour Sofinco, si M. Goubaux, considéré jusqu'alors comme "un collaborateur efficace, (de) grande confiance", n'a pas détourné un centime, il est coupable de ne pas avoir détecté le découvert et ne pas avoir alerté ses supérieurs dès le 22 décembre 2005.
L'expertise judiciaire devra dire si la procédure d'alerte définie en 1998 par Sofinco aurait dû permettre la détection du découvert. L'expert devra dire aussi s'il appartenait au directeur d'agence de contrôler le portefeuille des gestionnaires de comptes, et selon quelles modalités.
Il devra enfin expliquer pourquoi un audit conduit à l'automne 2007, juste avant la mise au jour du compte débiteur, n'a rien décelé d'anormal. "Le licenciement n'est pas fondé, le manuel de contrôle était obsolète, l'unité de compte était encore le franc ! La responsabilité incombe à la banque, il n'y a ni fraude ni enrichissement personnel", estime l'avocat de M. Goubaux, Daniel Richard. Chez Sofinco, une motion de soutien à l'ex-directeur a recueilli plus de 400 signatures.